Marché du chêne français : entre besoins nationaux et appétits internationaux — tensions ou opportunités ?
Source : Bulletin de veille – LALLEMAND BOIS & CONSEILS
Introduction
Le chêne français, pilier des forêts feuillues et de la transformation nationale, se trouve au carrefour des dynamiques locales et internationales.
Entre la demande française (construction, charpente, ameublement) et la pression croissante des marchés étrangers (Royaume-Uni, Chine), la rareté relative de la ressource soutient les prix.
Question clé : le marché du chêne s’achemine-t-il vers des tensions durables… ou vers une revalorisation stratégique profitable à toute la filière ?
I. Le marché français : un pilier structurant à préserver
🔹 Un besoin constant en bois de qualité
Trois segments moteurs :
Charpente & menuiserie traditionnelle : demande soutenue par la rénovation du bâti ancien et les constructions en bois massif.
Parqueterie & ameublement : ateliers régionaux et scieries locales positionnées sur la haute décoration et le mobilier.
Tonnellerie & merrains : excellence française au service des marchés viticoles internationaux.
📊 Analyse – LALLEMAND BOIS & CONSEILS
Le marché national privilégie proximité, durabilité, qualité d’usinage.
La concurrence des exportations se renforce toutefois sur les gros diamètres et les qualités ébénisterie.
II. Les marchés internationaux : entre opportunité et concurrence directe
La renommée du chêne français (qualités mécaniques & esthétiques) alimente des débouchés premium.
🇬🇧 Royaume-Uni : renouveau de la charpente traditionnelle
Tendances clés :
Demande croissante en sections fortes (30×30, 40×40 cm).
Prix en légère hausse (+3 à +5 % au T2 2025).
Recherche de fournisseurs stables (Grand Ouest, Bourgogne).
Clé de lecture : marché porteur pour les gros bois, sensible à la £ et aux coûts logistiques ; valorisation intéressante pour les forêts disposant de gros diamètres.
🇨🇳 Chine : traction par la parqueterie haut de gamme
Tendances 2025 :
+10 à +15 % sur les prix export sur un an.
Forte demande en QBA / QB1 (ébénisterie, parqueterie).
Pression sur les volumes disponibles pour le marché intérieur.
Conseil – LALLEMAND BOIS & CONSEILS :
Saisir l’opportunité export avec traçabilité & contrats sécurisés pour préserver la ressource locale tout en captant la prime internationale.
III. Trouver l’équilibre : entre tensions et valorisation durable
🔻 Tensions observées
Baisse des volumes de gros chênes mobilisables.
Hausse des prix sur ébénisterie et charpente.
EUDR : traçabilité renforcée exigée.
🔺 Opportunités à saisir
Prime aux bois certifiés PEFC/FSC.
Circuits courts régionaux et contractualisation locale.
Export ciblé avec approvisionnement planifié.
Analyse – LALLEMAND BOIS & CONSEILS :
Adopter une stratégie multi-marchés : garantir l’approvisionnement intérieur tout en optimisant des ventes export ciblées.
IV. Perspectives 2025–2026 : vers un modèle équilibré
À retenir :
Stabilisation du marché intérieur sur les QBA/QB1.
Progression des prix export, tirée par Chine et Royaume-Uni.
Demande croissante de bois certifiés et traçables.
PSG adaptés pour renouvellement et production de gros diamètres.
Objectif : transformer les tensions en opportunités durables en plaçant gestion forestière et stratégie commerciale au centre.
V. Volumes & qualités : lecture croisée des marchés
🇫🇷 Marché français : consommation maîtrisée, dépendance à la qualité
Le marché absorbe surtout des qualités B à C (construction, menuiserie courante, parqueterie domestique).
Les lots ébénisterie (QBA/QB1), plus rares, sont concurrencés par l’export.
Tendance :
–1,5 % de volumes sciés (2025).
+3 à +5 % sur le prix moyen (selon qualité).
Tensions d’approvisionnement pour les scieries de taille moyenne.
Analyse – LALLEMAND BOIS & CONSEILS :
Préserver une offre locale diversifiée sera crucial en 2026 pour la compétitivité des transformateurs régionaux.
🌍 Marché international : appétit pour les qualités supérieures
Cibles : plots/sciages ébénisterie et charpente ; gros bois ≥ 60 cm ; forte prime à la rectitude et à l’aspect visuel.
Tendance :
+10 à +12 % de volumes exportés (2025).
Hausse marquée des cours QBA/QB1.
Exigence accrue de traçabilité (forêts certifiées).
Clé de lecture :
Le chêne français est stratégique à l’échelle mondiale — d’où la nécessité de garde-fous (gestion durable, contrats long terme).
VI. 2026 : un marché à double vitesse – opportunités & menaces
✅ Opportunités
Revalorisation durable des bois français.
Hausse de la valeur foncière (parcelles à moyens/gros diamètres).
Accélération de la demande en certifié (PEFC/FSC).
Innovation dans la transformation locale (bois massif, circuits courts).
❌ Menaces
Rareté des gros bois & tension sur la régénération.
Risque d’éviction du marché intérieur par l’export.
Coûts logistiques en hausse (transport, séchage, énergie).
Spéculation sur lots premium, fragilisant petites scieries/négoce.
Analyse prospective – LALLEMAND BOIS & CONSEILS :
Probable polarisation :
Export haut de gamme (Chine/UK) vs filière régionale à consolider (gestion durable, transformation locale, contractualisation).
Priorités : réinvestir dans la sylviculture du chêne, valoriser les qualités intermédiaires, connecter producteurs, scieurs et acheteurs.
VII. Acteurs français : vigilance & stratégie collective
🌳 Propriétaires forestiers : valorisation & responsabilité
Intérêt croissant pour ventes groupées/planifiées.
Sensibilité accrue aux certifications et à l’EUDR.
Vigilance sur surexploitation et export non maîtrisé des meilleurs lots.
Analyse – LALLEMAND BOIS & CONSEILS :
Le propriétaire devient acteur stratégique : ses choix de coupe et de commercialisation conditionnent la stabilité régionale.
En 2026 : faire de la forêt un actif durable (rentabilité, transmission, biodiversité).
🪵 Scieurs français : adapter la production & défendre la transformation locale
Constats 2025 :
Approvisionnement tendu en QBA/QB1.
Concurrence des acheteurs chinois sur les gros plots.
Marges comprimées sur le marché intérieur.
Évolutions 2026 :
Plus de valeur ajoutée locale (séchage, tri, rabotage, aboutage).
Partenariats long terme avec propriétaires.
Investissements dans numérisation, traçabilité, qualité pour rester compétitifs.
Conseil – LALLEMAND BOIS & CONSEILS :
Miser sur la coopération territoriale : mutualiser les achats, sécuriser les flux, valoriser les produits à haute valeur ajoutée.
La clé n’est pas le volume, mais la maîtrise de la chaîne du tronc à la planche.
Conclusion : une filière à réinventer collectivement
Le croisement des intérêts (propriétaires, scieurs, négociants) exige une gouvernance renouvelée de la filière chêne pour préserver la ressource et maintenir la compétitivité.
🎯 Axes stratégiques 2026
Contractualisation locale propriétaires ↔ transformateurs.
Valorisation intégrale (bois d’œuvre + sous-produits).
Soutiens publics à l’investissement dans les scieries régionales.
Promotion du bois français certifié en Europe & à l’international.